Le personnage de Nola Darling, ou le féminisme vu par Spike Lee

La couleur a remplacé le noir et blanc. En 2017, le réalisateur Spike Lee a offert une suite aux aventures de son héroïne de 1985, Nola Darling. La série, diffusée sur Netflix, retrace l’histoire d’une jeune femme qui mène sa vie comme elle l’entend.

Dès sa sortie, le film ne laisse pas le public indifférent, qu’il l’aime ou le déteste.

Douze jours de tournage et un petit budget de 180 000 dollars. Spike Lee a choisi le féminisme pour réaliser un long-métrage en juillet 1985. Ainsi, une comédie de mœurs raconte la vie de Nola Darling, une jeune femme active et indépendante vivant à Brooklyn. L’intrigue du film se concentre sur ses relations amoureuses.

Nola voit trois hommes en même temps : Mars, un cycliste ravagé sur les bords (incarné par Spike Lee lui-même), Greer, un playboy narcissique et Jamie, en apparence le plus raisonnable des trois. Nola est aussi convoitée par Opal, sa voisine lesbienne. Au moment de faire un choix, Nola décide de les convoquer durant le repas de Thanksgiving. Toutefois, les choses ne tournent pas exactement comme prévu…

Voilà le quatrième mur brisé. À tour de rôle, les personnages témoignent face caméra et interpellent le spectateur sur ce qu’il vient de voir ou sur la suite des événements.

Dès le début du film, Nola nous explique même son mode de vie, envoyant valser les préjugés qui pourraient nous effleurer : « Je me fous de ce qu’on pense, mais ça va bien. […] Je me trouve normale, si tant est que ça existe. Certains me traitent d’anormale. Je déteste ce mot. Je n’y crois pas. Ni aux étiquettes. »  

« Mon nom, c’est pas « belle gosse ». (…) Et que ce soit bien clair : jamais, je me suis appelée « espèce de sale pute black ». »

NOLA DARLING, épisode 1 saison 1.

À sa sortie, le film connaît un énorme succès. En France, il remporte par exemple le Prix de la jeunesse dans la catégorie « film étranger » lors du Festival de Cannes de 1986. New York se passionne également pour cette héroïne moderne. Trente-six ans plus tard, le réalisateur a donc décidé de dépoussiérer son héroïne, pour la rendre plus actuelle et surtout, pour replacer l’image de la femme au cœur de la société, après les affaires de harcèlement sexuel qui ont secoué la planète.

Cette nouvelle version, plus moderne, est destinée aux 20-35 ans.

Lancée en 2017 par Netflix, Nola Darling n’en fait qu’à sa tête possède deux saisons et 19 épisodes. On retrouve alors Nola là où on l’a laissée, dans son lit. D’ailleurs, le premier épisode n’est qu’un résumé du film original. La nouvelle version a beau être plus rythmée, dynamique, et tournée vers la génération des 20-35 ans, le message reste le même : qu’on soit homme ou femme, chacun est libre de mener sa vie comme il l’entend.

Photo de couverture : DR
Texte :
Mélanie DOMERGUE

L’AVIS DE LA RÉDACTION
En premier lieu, le film de 1985 posait déjà des questions intéressantes en plaçant la femme comme seule décisionnaire d’un quatuor amoureux. Via ce scénario, le parti-pris de Spike Lee était de montrer au public une femme indépendante, libérée et décomplexée, refusant de coller à elle-même ou aux autres les étiquettes dictées par la société. En outre, Nola est présentée comme l’égale des hommes : s’ils n’ont aucun mal à avoir plusieurs conquêtes, elle fait la même chose. S’ils se montrent insouciants, ce sera aussi son cas.

« She’s Gotta Have It » est un bon film pour prouver que les femmes n’ont pas besoin des hommes ou de toute autre personne pour se définir. Chacun peut bien le faire pour soi-même. Cependant, notons un point négatif. Il s’agit de la scène de viol, commis par un amant de Nola, furieux de devoir la partager avec deux autres hommes. 

En 1985, Spike Lee s’excuse pour cette scène. Elle disparaît d’ailleurs totalement de l’adaptation en série télévisée — et tant mieux —. Remplacée par une autre, où Nola devient victime de harcèlement de rue. Ce sujet est plus que d’actualité à notre époque. La protagoniste en tire même une force pour s’affirmer et prôner l’acceptation de soi.

Créer une version de Nola Darling pour les Millennials a été un choix pertinent, notamment après le scandale de l’affaire Weinstein. Les thèmes abordés résonnent en effet avec le quotidien d’aujourd’hui. La quête pour l’égalité des sexes, la pression de la société, le racisme, l’acceptation de soi, la liberté sexuelle, le mouvement #BlackLivesMatter… Sans oublier le harcèlement sexuel, la sexualisation des individus, ou encore la difficulté de trouver sa place et/ou son identité. Qui plus est, le format série permet de connaître davantage la psychologie des personnages et de former sa propre opinion. 

2 réponses à “Le personnage de Nola Darling, ou le féminisme vu par Spike Lee”

  1. […] plus est, ce livre pourrait être un bon début pour s’intéresser au féminisme en Inde. Une cause encore trop peu connue, en France ou ailleurs. Shobha Rao a quitté l’Inde à […]

  2. […] présente lors de la cérémonie d’ouverture la célèbre présentatrice Miriam Diaz Aroca, interprète du personnage d’Isabel dans Talons Aiguilles. Lors de cette soirée, Victoria Abril recevra également un […]

Laisser un commentaire

sur JE SUIS WONDER WOMAN

JE SUIS WONDER WOMAN, c’est le média qui met en avant l’inclusion et l’égalité à travers des news inspirantes et non moralisatices. Pour changer les mentalités, il faut bien sûr des Wonder Woman, et si des Superman peuvent nous aider, c’est cool 🙂

On se suit ?

Translate »

En savoir plus sur JE SUIS WONDER WOMAN

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading