La Belgique dit stop au Revenge Porn

En ce 1er juillet 2020, l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes (Belgique) a acquis une nouvelle compétence. Il peut désormais accompagner de manière confidentielle les victimes de Revenge Porn, ou « vengeance pornographique », un délit consistant à diffuser sur le net et sans son consentement des images sexuellement explicites d’une personne.  

Se venger de son ex. L’idée apparaît, puis disparaît généralement d’elle-même. Or, dans une société hyper connectée, « [l]a diffusion [d’images et vidéos pornographiques] a souvent des intentions malveillantes, dans le but de blesser ou de punir la victime, ou encore de lui imposer le silence (…) La grande majorité des victimes de vengeance pornographique sont des femmes », déplore l’Institut dans un communiqué.

À partir de ce 1er juillet, les femmes et hommes belges victimes de Revenge Porn peuvent s’adresser à lui pour demander conseil, ou être accompagnés dans des démarches judiciaires. Le Code pénal belge a également été adapté, en prévoyant des sanctions financières allant de 200 euros à 15 000 euros d’amende et une peine d’emprisonnement variant de 6 mois à 5 ans.

« Les compétences de l’Institut ont sans cesse été élargies ces dernières années », rappelle Michel Pasteel, son directeur. « [Le Revenge Porn] est une forme de violence sexuelle qui se répète parce que les images continuent à circuler sur internet. Et vu que cette problématique contient une forte dimension de genre, nous trouvons logique que l’Institut puisse intervenir en la matière. Et ce, pour les victimes tant féminines que masculines. »

Qu’en est-il en France ?

Le Revenge Porn est lui aussi condamné en France, comme l’atteste l’article 226-2-1 du Code Pénal : « Lorsque les délits prévus aux articles 226-1 et 226-2 portent sur des paroles ou des images présentant un caractère sexuel prises dans un lieu public ou privé, les peines sont portées à deux ans d’emprisonnement et à 60 000 € d’amende. Est puni des mêmes peines le fait, en l’absence d’accord de la personne pour la diffusion, de porter à la connaissance du public ou d’un tiers tout enregistrement ou tout document portant sur des paroles ou des images présentant un caractère sexuel, obtenu, avec le consentement exprès ou présumé de la personne ou par elle-même, à l’aide de l’un des actes prévus à l’article 226-1. »

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Le Revenge Porn peut prendre différentes formes : les clichés intimes peuvent être directement postés sur les réseaux sociaux, ou envoyés aux proches. Photo par Tracy Le Blanc sur Pexels.com

Cette pratique a encore fait des ravages pendant le confinement. Dans chaque département français, des adolescents ont vu leurs nudes (photos dénudées) exposées sur des comptes Snapchat, baptisés «Fisha» ou « Ficha » (pour afficher, se taper l’affiche, en verlan). Lors d’une interview accordée à nos confrères de 20 minutes, le 9 avril 2020, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, notait elle aussi l’émergence de ce phénomène.

Un phénomène connu par 89% des 20-30 ans

«Nous avons noté une forte recrudescence de ces actes depuis le début du confinement. Près de 50 signalements ont déjà été faits par mes équipes auprès de Snapchat. » Un chiffre qui ne reflète pas la réalité. En février 2020, 89% des 20-30 ans déclaraient avoir connaissance de cette notion, dans une étude #MoiJeune réalisée par 20 Minutes et Opinion Way. D’ailleurs, 26% des sondés confirment avoir vu un tel contenu sur les réseaux sociaux. Ils sont en majeure partie diffusés sur Twitter (39%), Snapchat (33%) et Facebook (27%).

Ce fléau ne connaît ni frontière ni limites : adolescents, femmes, hommes, célébrités ou travailleurs et travailleuses du sexe en sont victimes. Si c’est votre cas, ou celui d’une de vos connaissances, ne restez pas seul.e et signalez le contenu et la plateforme concernée à l’adresse internet https://signalement.gouv.fr. Prenez des captures d’écran : elles vous serviront de preuves si vous souhaitez porter plainte. Dans le cadre scolaire, il faut sortir du silence et en parler à un éducateur.

Le Revenge Porn est lourd de conséquences : outre le harcèlement que vit la personne sur la toile, le Revenge Porn peut provoquer perte de confiance, anxiété, voire des pensées suicidaires.

Photo de couverture : Retha FERGUSON, image d’illustration
libre de droit
Texte : Mélanie DOMERGUE

Une réponse à “La Belgique dit stop au Revenge Porn”

  1. […] se mobilisent en ligne contre le sexisme et les injustices. En 2014, elles ont inondé les réseaux sociaux de photos de chaussures, en soutien à une députée de l’opposition, Aylin Nazliaka (CHP, […]

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