Hier, dimanche 11 octobre 2020, des dizaines de militantes féministes se sont rassemblées devant le Panthéon (Paris) pour réclamer la Panthéonisation de Gisèle Halimi, avocate et figure du féminisme. En parallèle, la mobilisation avait aussi lieu sur les réseaux sociaux, notamment avec le hashtag #GisèleHalimiAuPanthéon.

Un slogan se fait entendre aux abords du monument parisien. « Aux grandes femmes la matrie reconnaissante ! » Le choix du 11 octobre n’était pas anodin. Il s’agit en effet de la date anniversaire du procès de Bobigny, au cours duquel les talents de Gisèle Halimi ont permis d’aborder la dépénalisation de l’avortement.

Une telle mobilisation est née de la pétition lancée en ligne par Louise Dubray, psychologue auprès de femmes et enfants victimes de violence pour l’institut Women Safe. À l’heure où nous écrivons ces lignes, elle a récolté plus de 33 000 signatures. Quant au hashtag #GisèleHalimiAuPanthéon, il a été partagé plusieurs centaines de foiset continue de circuler.

Durant notre précédent sondage, le nom de Gisèle Halimi s’est classé en deuxième position lorsque nous vous avons demandé de citer les personnalités publiques que vous rattachez au féminisme.

Nous lui devons la criminalisation du viol en 1980, grâce au procès d’Aix-en-Provence. Elle a aussi ouvert la voie à la dépénalisation de l’avortement en 1975, avec le procès de Bobigny. Elle s’est d’ailleurs investie dans sa vie de femme pour cette cause, en signant en 1971 le Manifeste des 343 Salopes. Publié dans Le Nouvel Observateur, il regroupait ces Françaises qui assumaient avec courage avoir déjà eu recours à un avortement. Enfin, Gisèle Halimi a également participé à la dépénalisation de l’homosexualité, en 1981.

5 femmes pour 73 hommes au Panthéon

Gisèle Halimi s’est éteinte le mardi 28 juillet 2020. La faire entrer au Panthéon serait pour les militantes féministes l’occasion de lui rendre l’hommage qu’elle mérite. « Ses obsèques ont eu lieu au Père Lachaise, un hommage des féministes lui a été rendu, mais l’hommage symbolique du Président de la République s’est limité à un tweet ; la chaise du Ministre actuel de la Justice, Dupond-Moretti, est restée vide ; aucun juge n’était présent ; et d’après Laure Heinich, avocate, seules les trois femmes bâtonnières sur les 12 bâtonnier-e-s s’étant succédé-e-s depuis 1998 se sont déplacées pour lui rendre un dernier hommage », écrit Louise Dubray.

Et d’ajouter : « Nous exigeons donc un hommage décent à celle qui a tant fait pour notre pays, pour la cause des femmes, pour celle des homosexuel-le-s et contre le colonialisme. Une entrée au Panthéon, façon d’honorer les héroïnes de la Patrie, ce qu’elle est, nous semble un acte symbolique suffisamment fort pour honorer à sa juste valeur la mémoire de Gisèle Halimi. »

Quelles sont les femmes du Panthéon ?

Pour le moment, seules cinq femmes sont entrées au Panthéon. Et la toute première… est une inconnue. Sophie Berthelot a été Panthéonisée en 1907, uniquement parce qu’elle était l’épouse du chimiste Marcellin Berthelot. En effet, sa dernière volonté était de ne pas être séparé de son épouse, même dans la mort.

En revanche, la physicienne et double Prix Nobel de chimie et de physique Marie Curie est la première à y être entrée en tant que femme, et non pas comme épouse (bien que son mari, Pierre Curie, soit lui aussi entré au Panthéon pour son travail). Marie Curie a néanmoins attendu 60 ans après sa mort.

Mélanie Domergue Gisèle Halimi
Marie Curie est la première femme à être entrée au Panthéon pour la qualité de ses travaux. Ceux de son mari lui ont également permis d’être Panthéonisé.

Ce n’est qu’en 2015 que deux nouvelles femmes entrent au Panthéon, lors d’une cérémonie d’inhumation, le 27 mai 2015. Il s’agit de Germaine Tillion, ethnologue et résistante, qui a remporté le prix Pulitzer en 1947. La seconde est Geneviève de Gaulle-Anthonioz : la nièce du Général était elle aussi résistante et avait créé l’Association nationale des anciennes déportées et internées de la résistante (Adir). Un rappel du courage qu’ont témoigné les Françaises lors des heures sombres de la France.

La dernière femme à être entrée au Panhéon est Simone Veil, en 2017. Dès le jour de sa mort, des milliers de Français et Françaises avaient signé une pétition pour sa Panthéonisation.

Photo de couverture : Marie-Lan Nguyen
Texte : Mélanie DOMERGUE

Une réponse à “Unies pour faire entrer Gisèle Halimi au Panthéon”

  1. […] suis Wonder Woman met aussi en avant les femmes qui essaient de changer le monde. Aujourd’hui, Jani Silva est menacée de mort pour ses […]

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