Arrêter de parler de lui ne le fait pas disparaître. Le harcèlement de rue est omniprésent et continue d’agacer et d’effrayer des milliers de femmes dans le monde entier. En France, la Ville de Nîmes a décidé d’agir, comme Reims, Caen ou encore Amiens avant elle. Dès le 8 mars 2021, le dispositif « Angela » sera mis en place dans plus de 115 commerces.
Toutes les femmes ont déjà vécu cette situation au moins une fois dans leur vie. Une balade dans les rues se transformant bien vite en calvaire : interpellées avec insistance, insultées, suivies… Un regard déplacé est suffisant pour provoquer le malaise ou le sentiment d’oppression. Là où la détresse intervient, c’est lorsqu’on se sent seule face à la personne qui nous harcèle ou nous importune. Survient la honte, qui nous empêche d’en parler, couplée à l’impossibilité, bien souvent, de retrouver les coupables.
Grâce au dispositif « Angela », la victime n’aura plus qu’à entrer dans les enseignes participantes (signalées par un autocollant sur leurs vitrines) et demander au personnel « Où est Angela ? ». Elle sera alors mise à l’abri dans une zone de repli : réserves, bureaux… Une fois la victime mise en sécurité, le commerçant pourra ensuite appeler un membre de sa famille, ou bien les forces de l’ordre si la situation le demande.
Une première formation prévue le 26 février
Les commerçants ayant accepté d’apporter leur aide sont nombreux : boutiques de prêt-à-porter, agence immobilière, épicerie, restaurant, caviste, animalerie, boutique de vente de décoration… D’ailleurs, 40 d’entre eux suivront d’ores et déjà une formation le 26 février auprès du Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) du Gard. Ils recevront ensuite un autocollant “#OUESTANGELA”, à apposer à l’entrée de leur établissement, afin qu’il soit visible depuis la rue. Un flyer/mémo leur sera également remis pour leur rappeler le protocole à adopter lorsqu’une victime se présentera à eux.

L’initiative « Where is Angela ? » est connue depuis 2016 et vient tout droit du Royaume-Uni. Cependant, c’est bien la Ville de Nîmes qui a pris en charge la campagne de communication et la mise en œuvre du dispositif auprès des établissements commerciaux nîmois.
Un procédé qui s’ajoute à d’autres dispositifs de sécurité
« De nombreux témoignages ou alertes de femmes agressées dans la rue ou ne se sentant pas en sécurité dans l’espace public nous remontent encore trop souvent du terrain. Je suis ravie de l’adhésion immédiate au dispositif Angela dont ont fait preuve les commerces nîmois. Plus de 90 commerçants se sont manifestés 24 heures après la réception de notre emailing de sollicitation », explique Mylène Mouton, adjointe, déléguée aux droits des femmes.

« Où est Angela ? » entre dans le cadre d’actions concrètes pour assurer la protection des femmes. En effet, la Ville de Nîmes s’est déjà engagée à différentes échelles pour cette cause, notamment avec la création d’une délégation municipale, au droit des femmes, à l’égalité, à la lutte contre les discriminations et à l’aide aux victimes. Une grande campagne d’information « STOP aux violences familiales » a été lancée, et des subventions sont accordées à des associations œuvrant dans ce secteur. Enfin, des hébergements d’urgence sont débloqués pour les victimes de violences.
Qui plus est, la Ville est déterminée à faire plus, puisqu’elle a procédé à une demande d’aides supplémentaires pour la lutte contre les violences faites aux femmes auprès de la ministre déléguée, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances. Nîmes est également candidate en tant que circonscription test dans la dotation de bracelets anti-rapprochement.
Photos : Keira Burton et Anete Lusina sur Pexels.com
Texte : Mélanie DOMERGUE
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