Depuis une semaine, de nombreux députés et dirigeants politiques veulent voir le droit à l’avortement entrer dans la Constitution. Sur Internet, la même requête fait l’objet d’une pétition pour que les femmes françaises puissent disposer de leurs corps comme elles le souhaitent, sans risque de voir ce droit leur être retiré un jour.

Une pétition à signer directement depuis le site Change.org. Ce débat, nous le devons à l’effrayante décision de la Cour suprême des États-Unis. Depuis le vendredi 24 juin, chaque État de ce pays est libre de qualifier l’avortement de légal ou non sur son territoire. Cela marque l’invalidation de l’arrêt Roe v. Wade, déjà redoutée depuis plusieurs années.  

À l’heure où nous écrivons ces lignes, l’avortement est interdit (ou en passe de l’être) dans 13 États américains. Ils avaient en fait anticipé le verdict de la Cour Suprême. Il s’agit du Missouri, de l’Arkansas, de l’Idaho, du Kentucky, de la Louisiane, du Mississippi, du Dakota du Nord, du Dakota du Sud, de l’Oklahoma, du Tennessee, du Texas, de l’Utah et du Wyoming.

avortement Mélanie Domergue
Aux États-Unis, les femmes revendiquent déjà leur droit à l’avortement depuis de nombreuses années. Crédit photo : Emma GULIANI sur Pexels.com

Parfois, des sanctions sont même prévues pour les femmes américaines qui décident malgré tout d’avorter. Tout comme pour les médecins qui leur apportent leur aide. La Louisiane a par exemple adopté une loi lui permettant de suivre les femmes devant un tribunal pénal. Grâce à elle, cet État peut aussi déclarer l’avortement comme étant un homicide. Femmes comme professionnels de santé risquent jusqu’à 10 ans d’emprisonnement.

La durée s’allonge à 15 ans pour les femmes dans le Missouri. Cet État envisage même de créer et d’adopter un projet de loi pour empêcher les femmes de se rendre dans des États voisins pour avorter.

D’après l’institut Guttmacher (un institut de recherche qui fournit des statistiques sur le contrôle des naissances et l’avortement aux États-Unis et dans le monde), en tout, 26 États pourraient interdire l’avortement.

L’avortement encore autorisé dans certains États américains

D’autres États ont déjà adopté des lois (ou sont sur le point de le faire) pour restreindre le droit à l’avortement. Ils comptent notamment diminuer le délai de recours à quinze semaines de grossesse maximum, voire six semaines pour les États les plus stricts et conservateurs.

Si des États restent encore indécis sur la question pour le moment, l’avortement reste toutefois légal dans une vingtaine d’autres États. La Californie, l’Oregon et le New Jersey ont par exemple renforcé le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), et ont invité les femmes le souhaitant à venir consulter leurs professionnels de santé.

Un retour au début du XXe siècle

Alors bien sûr, la résistance s’organise. Notamment depuis les réseaux sociaux, où les Américaines recommandent de supprimer les applications de suivi menstruel. Ces plateformes collectent en effet des données privées sur leurs utilisatrices. Des datas qui pourraient être utilisées pour incriminer les femmes.

En parallèle, plusieurs manifestations contre la révocation du droit à l’avortement ont explosé dans tout le pays. Quant aux associations, dépassées, elles craignent le pire. Les avortements continueront d’exister. La santé des femmes est volontairement mise en danger par cette décision.

Cette invalidation du droit des femmes risque même d’être la première d’une longue liste. Le Texas brandit déjà la menace d’une repénalisation de l’homosexualité.

Photos : Karolina GRABOWSKA et Emma GULIANI sur Pexels
Texte : Mélanie DOMERGUE

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