Lizzo : pourquoi les accusations contre la chanteuse sont si choquantes ?

Les cas de harcèlement se conjuguent très souvent au masculin. Pourtant, « l’affaire Lizzo » prouve que les suspicions peuvent aussi toucher les femmes. Depuis le début du mois d’août 2023, de nombreux témoignages affluent pour dénoncer un environnement de travail toxique.

Les accusations se suivent et se ressemblent. De nouveaux témoignages accablants viennent un peu plus écorner l’image de Lizzo, comme l’a révélé NBC News ce mercredi 9 août 2023. C’est Ron Zambrano, l’avocat des trois danseuses qui accusent la chanteuse de harcèlement, qui a révélé que six autres personnes ont fait appel à son cabinet pour dénoncer un « environnement de travail pollué par des connotations sexuelles ». Certaines d’entre elles ont travaillé sur sa tournée, et d’autres pour son émission Lizzo’s Watch Out for the Big Grrrls.

Elles font aussi état de rémunérations non perçues. « Certains des témoignages que nous examinons pourraient donner lieu à une action en justice, mais il est trop tôt pour l’affirmer », a expliqué Ron Zambrano à nos confrères. L’équipe de Lizzo n’a pas souhaité répondre aux sollicitations de NBC News.

Le raz-de-marée a commencé ce mardi 1er août 2023, date à laquelle trois de ses danseuses (Arianna Davis, Crystal Williams et Noelle Rodriguez) ont déposé plainte pour « harcèlement sexuel, religieux et racial, discriminations relatives au handicap, agressions, séquestration et création d’un environnement de travail hostile ». Aux intimidations et moqueries se seraient ajoutés des comportements très déplacés et dérangeants de la part de Lizzo, de son vrai nom Melissa Viviane Jefferson.

Lizzo aurait un tout autre visage en privé, selon les plaignantes

Ainsi, pendant une soirée à Amsterdam, dans le club de strip-tease Bananenbar, Lizzo aurait insisté pour qu’Ariana Davis touche les seins nus d’une danseuse du club. Elle aurait aussi incité ses danseuses à « attraper des godes lancés depuis le vagin des artistes et à manger des bananes dépassant du vagin des artistes». D’après les témoignages, l’interprète de 2 Be Loved (Am I Ready) malmènerait aussi ses danseuses au travail.

Après une très longue répétition de 12 heures, Lizzo se serait octroyé le droit de les renvoyer si elle n’était pas satisfaite. Ou si elle les soupçonnait de « boire de l’alcool avant les performances », indique la plainte. Crystal Williams rapporte qu’elle a été remerciée après avoir fait part de son indignation. Arianna Davis a été licenciée après avoir filmé une réunion avec Lizzo pour des problèmes de santé liés au stress. Quant à Noelle Rodriguez, elle a pris la décision de démissionner après le départ d’Arianna Davis.

Toujours selon la plainte, Lizzo « s’est approchée de Mme Rodriguez de manière agressive, en criant des insultes, en faisant craquer ses articulations et en se préparant apparemment à l’attaquer ». Elle se serait ensuite éloignée en lui criant : « Tu as de la chance, putain». Il semblerait que ces révélations aient délié les langues. Juste avant ces six nouveaux témoignages rapportés par NBC News, d’anciennes collaboratrices de Lizzo avaient déjà partagé leur mauvaise expérience depuis leurs réseaux sociaux.

Lizzo est sortie du silence

Il y a d’abord la réalisatrice Sophia Nahil Alison. Elle a réagi depuis son compte Instagram le jour même des premières accusations. « Je n’ai pas l’habitude de commenter ce qui touche à la popculture. Mais en 2019, j’ai voyagé un peu avec Lizzo pour réaliser son documentaire. Je me suis retirée après environ deux semaines », a-t-elle écrit en story. Et de poursuivre : « J’ai été témoin de son arrogance, de son égocentrisme et de son manque de gentillesse. Je n’étais pas protégée et j’ai été jetée dans une situation merdique avec peu de soutien. Mon esprit m’a dit de fuir aussi vite que possible. Je suis très reconnaissante d’avoir fait confiance à mon instinct. »

Ses déclarations ont vite trouvé écho auprès de l’ancienne danseuse Courtney Hollinquest, qui de son côté, a révélé : « C’est ce que j’ai vécu en travaillant avec elle. » Quant à Quinn Wilson, ex-directrice créative de Lizzo, elle aussi dit regretter « certaines parties de [s]a propre expérience ». Depuis, l’artiste déjà primée aux Grammy Awards a brisé le silence depuis ses réseaux sociaux. Elle nie tout en bloc et dénonce des « allégations scandaleuses ».

Dans un long communiqué, elle explique : « Mon éthique professionnelle, ma morale et mon respect ont été remis en question […] D’habitude, je choisis de ne pas répondre aux fausses allégations, mais celles-ci sont aussi incroyables qu’elles le paraissent et trop scandaleuses pour ne pas être abordées. » Elle poursuit : « En tant qu’artiste, j’ai toujours été très passionnée dans ce que je fais. Je prends ma musique et mes performances très au sérieux, parce qu’au fond je veux que ça représente le mieux qui je suis et mes fans. Avec la passion viennent le dur labeur et des attentes élevées. »

Un constat qu’elle explique : « Parfois, je dois prendre des décisions difficiles, mais ça n’a jamais été dans mon intention de mettre mal à l’aise quelqu’un ou de lui faire croire qu’il ou elle n’est pas à la hauteur de l’équipe. » Elle refuse de se victimiser, mais nie cette image de « méchante». Au contraire, elle s’est dit « blessée », ajoutant « je ne pourrais jamais critiquer une employée sur son poids ». Depuis le début de sa carrière solo en 2013, la flûtiste a en effet été victime de commentaires grossophobes.  

Un personnage différent de la réalité ?

Sa défense a été dézinguée par l’avocat Ron Zambrano dans un autre communiqué. « La nature stupéfiante de la façon dont Lizzo et son équipe de direction ont traité leurs artistes semble aller à l’encontre de tout ce que Lizzo défend publiquement, alors qu’en privé, elle fait peser sur ses danseuses des contraintes de poids et les rabaisse d’une façon qui est non seulement illégale, mais absolument démoralisante. » Et en effet, Lizzo s’est toujours présentée comme une personne safe, que ce soit auprès de sa communauté de fans et même du grand public.

Lors des Emmy Awards en 2022, elle avait ému avec un discours dédié à la représentation. « Quand j’étais petite, tout ce que je voulais voir, c’était moi dans les médias. Quelqu’un de grosse comme moi. Noire comme moi. Belle comme moi. Si je pouvais revenir en arrière et dire quelque chose à la petite Lizzo, je lui dirais : ‘Tu vas voir cette personne, mais p*tain, ça va devoir être toi’ [à la place]. » Des propos rapportés par nos confrères de NME.

Lizzo, ce sont aussi des chansons feel-good à écouter peu importe son humeur. Pour faire la fête, pour se motiver à accomplir certaines tâches, pour faire du sport… ou même pour se rappeler qu’on est une battante lorsqu’on a un coup de mou.

La carrière de Lizzo en péril ?

Lizzo, c’est comme la bonne copine qui remet de l’ordre dans vos cheveux après un gros chagrin. Elle est celle qui vous remonte le menton quand vous baissez la tête. Celle qui vous rappelle que vous avez le droit d’être vous-même, et surtout, de vous célébrer. Ses chansons inspirent assez de joie de vivre pour ça. Or, aujourd’hui évidemment, tout son discours bienveillant et inclusif nous laisse un goût amer…

Les prochaines semaines (voire les prochains mois) devraient nous en apprendre plus sur cette affaire. Cependant, elle met en évidence une problématique évidente. Peut-on réellement faire confiance à la personnalité mise en avant par les célébrités que nous chérissons ? Sont-elles vraiment sincères, ou est-ce simplement un coup marketing pour répondre aux goûts et à l’intérêt du plus grand nombre ?

Photo : INSTAGRAM / Lizzo
Texte : Mélanie DOMERGUE

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